L’Antarctique géologique (1/2)

by A. Préat, 24 avril 2020 in ScienceClimatEnergie


Cet article traite de l’évolution géologique de la plaque Antarctica, et fait suite aux trois récents articles publiés dans SCE par le Prof. Maurin sur la cryosphère actuelle (1/3, 2/3,  3/3).

1/ Les glaces fascinent …

Les glaces fascinent depuis longtemps les climatologues qui y voient un monde à part, aujourd’hui elles sont suivies ‘à la loupe’ car elles témoigneraient en tout ou en partie du processus de réchauffement actuel. Elles sont l’objet d’une attention médiatique constante. Pourtant elles furent souvent absentes de la Planète, elles apparurent plusieurs fois et disparurent autant de fois au cours de l’histoire géologique, le plus souvent suivant des modalités différentes à l’échelle temporelle et spatiale.

Il n’est pas possible ici de retracer la longue histoire des glaces qui commence au Précambrien, au moins à la transition Archéen et Protérozoïque (avec la glaciation huronienne, il y a environ 2,4 Ga, pour l’échelle détaillée des temps géologiques voir ici, et ci-dessous (Fig. 1) pour une version simplifiée) et se poursuit avec des aléas divers avec un recouvrement des glaces sur l’ensemble de la Planète à la fin du Néoprotérozoïque, donc y compris dans la zone équatoriale, donnant lieu au fameux ‘Snowball Earth’ ou hypothèse de la Terre boule de neige ou encore ‘Terre gelée’ (glaciation marinoenne qui a fait suite à la -ou les ? glaciation(s) sturtienne(s)- il y a 635 Ma. Ensuite viendra la glaciation Gaskiers vers 580 Ma, c’est-à-dire vers la fin du Précambrien. Cet épisode marinoen d’englacement généralisé perdura plus d’une dizaine de millions d’années avec des calottes de glace sur l’équateur (ici) et est à l’origine du nom de l’avant-dernière période du Précambrien, à savoir le Cryogénien (partie supérieure du Protérozoïque entre 850 Ma et 635 Ma, cf. Fig. 1). Entre ces deux grandes glaciations précambriennes (celles de l’huronien et du marinoen), soit sur un peu plus de 1,5 Ga  aucune autre glaciation n’a encore? été rapportée, ce qui supposerait que pendant cet intervalle de temps le climat s’est maintenu dans des conditions plutôt chaudes, avec une régulation thermique ‘sans faille’ (Ramstein, 2015). Notons également pour être complet la présence de glaciers locaux à 2,9 Ga dans l’Archéen d’Afrique du Sud (glaciation ‘pongolienne’) (ici).