Arctique géologique, part 2

by Van Vliet-Lanoë B. and Préat A., 29 mai 2020 in ScienceClimatEnergie


4/ Les cycles glaciaires  arctiques (Pliocène/Pléistocène)

4.1. Introduction : le forçage orbital et l’englaciation

Le climat de la Terre est géré à un premier niveau par l’apport énergétique lié à l’apport solaire, en fonction de l’évolution cyclique de la forme de l’orbite de notre planète autour du soleil. Ce forçage s’appelle forçage orbital et a toujours existé depuis que notre système planétaire existe.  Ce forçage présente une cyclicité parfaitement calculable en fonction des interactions par attraction entre les différentes planètes du système solaire et le soleil. Elle varie relativement peu au cours du temps. Par contre, l’orbite terrestre est une ellipse dont l’élongation varie au cours du temps, nous éloignant ou nous rapprochant du soleil, c’est ce que nous appelons l’excentricité.  De plus, l’axe de rotation de la Terre n’est pas vertical sur le plan orbital ou d’écliptique et oscille également, permettant un déficit en énergie reçue au niveau des pôles, géré par son obliquité. Enfin la Terre ne parcourt pas son orbite en exactement un an : les saisons pourront être en avance ou en retard sur l’orbite par rapport au minimum ou au maximum d’insolation : ceci s’appelle la précession des équinoxes.

L’englaciation Cénozoïque débute en position polaire sous contrôle de la tectonique des plaques, de l’évolution des océans, de la circulation océanique et des reliefs orogéniques disponibles pour stocker de la glace. Elle apparaît donc en premier sur l’Antarctique puis au Néogène, sur l’Arctique Canadien en période de faible obliquité. Ensuite, elle descendra en latitude au fur et à mesure de l’évolution de l’ère glaciaire.

Fig. 24 : LGM ou Last Glacial Maximum, c’est-à-dire la glaciation du ‘Dernier Glaciaire’ dans l’hémisphère nord avec des plateformes de glaces débordant sur l’océan Arctique recouvert de banquise (image CLIMAP). La glace qui recouvrait une grande partie de l’Amérique du Nord, du nord de l’Europe et une partie de l’Asie était épaisse de 3 à 4 km et le niveau marin plus bas de 120 m par rapport à l’Actuel, ce qui permit des passages terrestres, inexistants aujourd’hui suite à la remontée du niveau marin lors de la déglaciation. Cette situation est aussi à l’origine d’une aridification intense (non discutée dans cet article). Les glaces se mirent en place vers 33 ka et leur extension maximale est comprise entre 26,5 ka et 20-19 ka (Clark et al. 2009).