Des réchauffements répétitifs sans CO2 ?

by P. Berth & A. Préat, 24 janvier 2020 in ScienceClimatEnergie


Depuis le début des mesures thermométriques directes, les 4 principales séries de température  que nous possédons (thermomètres terrestres et satellites) nous montrent que la température globale de la basse troposphère a augmenté de ± 0,8°C en 138 ans (entre 1880 et 2018). Cela correspond à ± 0,28°C en 50 ans soit 0,006°C/an(actuellement environ 0,01°C/an pour les 30 dernières années). Les médias nous rappellent chaque jour que cette hausse est exceptionnelle et que le CO2 anthropique en est à l’origine, c’est-à-dire est le grand coupable suivant la terminologie consacrée.

Mais cette vitesse d’augmentation de la température, est-elle vraiment exceptionnelle? Dans les lignes qui suivent, nous allons vous démontrer qu’il n’en est rien. Au cours de la dernière période glaciaire, alors que l’espèce humaine existait déjà, la température moyenne a parfois augmenté à une vitesse vingt fois plus élevée, et ce à de nombreuses reprises. Ces phénomènes particuliers, qui n’ont pas fait disparaître la vie sur Terre, et que nous vous avions déjà mentionnés sur SCE (ici), sont appelés évènements de Dansgaard-Oeschger ou ‘DO’ (des noms des deux scientifiques -danois et suisse-  qui furent les premiers à les mettre en évidence) et sont reconnus par le GIEC. Comme nous allons vous le montrer dans le présent article, le taux de CO2 n’aurait qu’un rôle mineur dans ces évènements.

Figure 1. Stratigraphie isotopique de l’oxygène à partir des glaces du forage GRIP (Groenland).
En ordonnée valeurs du δ
18O en ‰ et en abscisse profondeur en mètres du forage (Cronin, 2010). Les compositions isotopiques de l’oxygène sont un indicateur de la température. La figure montre de manière très claire que l’interglaciaire actuel (Holocène, moitié gauche du graphique) est caractérisé par des fluctuations thermiques de faible amplitude (si l’on excepté un épisode plus froid vers 8,2 ka) alors que le Dernier Glaciaire (moitié droite du graphique) montre des changements climatiques fréquents, rapides et de grandes amplitudes (de 8°C à 16°C suivant les δ18O) enregistrés pas les événements ou ‘cycles’ DO (Dansgaard-Oeschger events). Nb: YD pour Younger Dryas, correspondant à un refroidissement il y a 12800 ans BP (non discuté dans cet article).